Yvon Traineau (1937-2015)
Yvon TRAINEAU est né à Bouin en 1937. Issu d’une famille de minotier dont l’établissement principal
se trouvait en face de la gare, le jeune Yvon, de santé fragile, quitte la commune encore jeune pour
Nantes où il fréquente le Lycée municipal de garçons, rue Bel Air, actuel lycée Victor HUGO.
Dans la cité des Ducs, il fréquente très tôt l’école des Beaux-Arts puis rejoint la capitale pour y
poursuivre sa formation. A Paris, il se passionne pour les décors de théâtre, établissements qu’il
fréquente assidûment. Assez logiquement il rejoint l’atelier de décors du célèbre peintre et
illustrateur parisien Roger CHAPELAIN MIDY avec lequel il travaille pendant de nombreuses années.
Riche de son expérience, il poursuit cette activité et s’installe à Nantes où il collabore alors avec Jean
GUICHARD, directeur du théâtre des Pays de la Loire. Cette véritable amitié entre les deux hommes
vaudra à YVON TRAINEAU une grande notoriété et lui permettra d'ajouter à son éventail de peintre
le travail sur des grands formats.
Cette période appelée Période Nantaise fut sans doute la plus heureuse du peintre, présent et actif
dans d’importantes expositions (Galerie DECRE, Galerie MIGNON MASSART à Nantes…). Il vient alors
très régulièrement à Bouin et y installe un atelier dans l’ancienne minoterie de ses parents : c’est le
début de l’Ecole de Bouin : Gaston PLANET, BONNO, Jean GRIS, Jean-Claude FRANCHETEAU, Gerard
VOISIN… Ils exposent leurs toiles en permanence et ils s’imposent des thèmes sur lesquels ils
travaillent. L’atelier est ouvert à tous et l’on y parle actualité, technique et art. TRAINEAU utilise des
supports variés : toiles, mais aussi planches de récupération ou toiles de jute trouvées dans l’ancien
établissement paternel…
En 1962, il profite de l’été pour monter une première exposition collective dans la demeure familiale
de la Grande rue. Autour d’une sélection de ses œuvres sont présentés de nombreux artistes : ROSSI,
SAINT LOUBERT-BIÉ, JOUESSEL…
TRAINEAU utilise alors des techniques très variées : huiles et gouaches, mais également calligraphies,
gravures et aquarelles. Sa recherche de capture de la lumière l’amène à exceller dans les bichromies :
le blanc et le noir sont récurrents dans son œuvre. Résolument graphique, son travail est fait d’aplats
et de clair-obscur qui témoignent bien souvent d’un véritable déchirement de l’espace. La recherche
de l’équilibre parfait affecte sans cesse le peintre. Le marais et le bourg de Bouin sont ses sujets de
prédilection : pays dévoré de lumière où les volumes sont peu déterminés faisant de la lumière-
même un paysage.
En 1972, il découvre la Bourgogne et s’installe à Saint-Martin-de-Jonzy. Avec sa dernière compagne, il
partage la signature d’œuvres communes. En effet, la vie à Bouin semble lui peser. Comme
l’explique Jacques KERZANET, fin connaisseur de l’artiste : « Dans les années 1980, Yvon a le
sentiment d’être exclu. Il repart, cette fois-ci sur les bords de la Saône, avec sa femme et son enfant.
Lui qui aimait le marais, avait su conquérir la lumière et mettre en valeur la moindre verticalité dans
cette atmosphère horizontale ».
En Bourgogne, le passionné d’espace s’installe près de Tournus. Son œuvre change, elle devient plus
sombre, plus mystique ; elle témoigne d’une véritable fragilité. En 1974, l’artiste connaît de graves
problèmes de santé. Psychologiquement instable, il s’installe alors dans un établissement de soins :
ses séjours y seront fréquents.
L’artiste s’enferme dans une forme de mutisme et n’apparaît plus aux expositions où sont présentées
ses œuvres. En 1982, cinq de ses toiles sont exposées au Salon yonnais, aux côtés de Gaston
CHAISSAC, LAUNOIS, Gaston DOLBEAU, Henry SIMON et Roger DUCROT. Quelques années plus tard,
en 2000, une rétrospective lui est consacrée au Grand Logis de Bouin : l’artiste décline l’invitation.
Yvon TRAINEAU s’éteint en 2015. Cet artiste torturé, en quête permanente de lumière et de liberté
laisse un souvenir encore très présent dans sa commune de naissance où il repose à présent.
Assez logiquement, la municipalité de Bouin a décidé de donner au Grand Logis de Bouin, lieu de
culture, le nom de Médiathèque YVON-TRAINEAU en hommage à l’un des peintres fondamentaux du
20ème siècle dans le marais breton.